Forêt de Crécy, départementale 231, le 12 août 1944.
Sous un beau soleil de fin de matinée un cycliste se rapproche d’un carrefour. Il siffle joyeusement, revenant de la ville voisine où il a monnayé le produit de son braconnage. Subitement des soldats allemands sortent des bois et l’entourent, il est fouillé, délesté de ses papiers, brutalisé, puis à coup de crosse forcé à s’agenouiller.
En cette fin de guerre l’occupant est nerveux, sans cesse harcelé par de jeunes F.F.I. souvent inconscients du danger. Le canon d’un luger sur la tempe, le civil revoit en un éclair la trame de sa vie. Cet homme qui tremble, fermant les yeux en attendant qu’un morceau de métal mette fin à son histoire, c’est mon grand père. Soudain des ordres secs sont lancés, il est redressé, puis amené auprès d’un officier au visage osseux et sévère. Du bout des doigts le gradé lui présente une photo extraite du portefeuille du captif, elle représente mon arrière-grand-mère, mes grands-parents et leurs cinq enfants dont ma mère.
: « J’ai famille aussi à Berlin ! », lui lance- t-il désignant le vélo en lui enjoignant de partir.
La longue ligne droite de six kilomètres parut interminable à mon grand père craignant à tout moment de recevoir une balle dans le dos.
Vingt minutes plus tard, alors qu’il descendait de bicyclette devant sa maison, des coups de feu crépitèrent…
Dans les jours qui suivirent, ma famille apprit qu’au même carrefour, le même jour, un autre homme à vélo soupçonné d’être résistant fut abattu sur place par les Allemands.
Une plaque commémorative signale l’endroit.
Commentaires de l’ancien blog
— Cevasco jean marie 02/12/2017 11:18
Bonjour, tous mes respect, c’est avec émotions que je découvre votre merveilleux « blog » le mot me semble un peu déplacé pour décrire toute la poésie et l’émotion que je ressent à chaque récit dans ce recueil numérique , j’en tremble encore… merci, j’étais venu là a la recherche de renseignements sur les paillettes et me voilà transporté dans le passé, votre passé qui me fait remonter des souvenirs de ma propre enfance, merci, merci .
Pourrais-je vous soumettre un objet que j’ai trouvé lors d’une ballade cela me fait penser a un élément de protection cousue sur une tunique , bien cordialement, jean marie