Les Moustiques

Au dessus, vous pouvez, si vous le désirez, écouter de la musique en écoutant de la musique

Le voici revenu le joli temps du muguet, l’an passé j’ai dû capituler et fuir la forêt sous les assauts de nuées de moustiques, n’emportant qu’un maigre butin de fleurs. Ce matin, le chien Titus à mes côtés, je suis face au bois marécageux, prêt à en découdre avec les insectes piqueurs. Adoptant l’adage « Chat échaudé craint l’eau froide », j’ai pris des précautions : capuche sur la tête style jeune de banlieue, veste fermée au cou et aux poignets, mains et visage bardés de crème répulsive, dans la poche un spray spécial, je me sens invulnérable. Alea jacta est, je m’engage dans le sentier, un bel écureuil des chênes saute de branche en branche suivi du regard par Titus.

Sous les châtaigniers, de belles taches vertes et blanches trahissent la présence du but de ma sortie. Rapidement je suis à pied d’œuvre, les premières victimes tapissent le fond de mon panier. Tout à coup, le chien pleure, se roule au sol, puis détale dans une grande allée : les « mosquitos » sont la !
Déjà, les vainqueurs du canidé me survolent menaçants. Aussi rapide que Billy the Kid, je dégaine l’arme secrète : une grosse bombe anti-insectes et pulvérise à tout va en direction de mes assaillants, bénéficiant de l’effet de surprise, c’est un véritable génocide, mes ennemis tombent par centaines, les survivants ayant compris la leçon se contentent de me surveiller à distance.

Je poursuis ma cueillette, bientôt j’ai en ma possession plusieurs bouquets entourés de mousse ficelée à la base. Heureux, je m’assieds sur une souche et observe autour de moi, un pic vert bombarde de son bec un bouleau mort, plus loin, deux belettes amoureuses jouant dans la mousse semblent danser au rythme de ses coups.

Soudain un vacarme couvre les bruits des habitants de la forêt : une dizaine de sangliers adultes accompagnés de marcassins traversent rapidement la parcelle, un des jeunes, déboussolé, passe à un mètre de moi.

Sournoisement une envie d’uriner me ramène à ma condition d’humain, je cherche un arbre, assez gros, contre lequel l’assouvir, l’endroit n’en manquant pas je n’ai que l’embarras du choix et jette mon dévolu sur un magnifique hêtre. Je déballe le matériel et à peine le flot libéré, le ciel s’obscurcit au-dessus de ma tête, des milliers de diptères suceurs regroupés en centaines d’escadrilles survolent mon pénis.
A ce moment, je réalise effaré que tel le talon d’Achille non immergé dans les eaux du Styx, mon organe ne dispose d’aucune protection. Il est trop tard, l’ennemi se rapproche de mon « membre » effectuant des descentes en piqué à la manière de kamikazes lancés contre un porte-avion, d’autres, me voyant débordé, amorcent des manoeuvres d’appontage.

Je bouge et sautille, mais la gent piqueuse consciente de mon point faible accentue l’attaque. Deux femelles réussissent leur atterrissage et se préparent au pompage, je les balaie du revers de l’autre main. Impossible d’arrêter mon jet ! Je décide de fuir, mais difficile de se déplacer la lance en action. Je parcours trois mètres, mon attribut arrosant et éclaboussant l’air en tous sens à l’instar du goupillon d’un curé bénissant l’assemblée de ses ouailles.

Finalement, je rentre l’artillerie en catastrophe avec tous les dégâts de repli que vous pouvez imaginer.

« C’est vraiment chiant… non, c’est pissant… oui, c’est pissant les moustiques ! »

Commentaires de l’ancien blog

hugh 05/03/2011 18:55

Superbe presque poétique lol

Merci

alx 27/09/2010 11:46

salut..mdr tout ca pour un t’it moustique…essay la chausette percée…


raphafa43 01/06/2010 21:51

Mon pauvre je peux que te plaindre et me moquer aussi


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