Vervelle à l’animal fantastique, 26 mm de hauteur (anneau compris) 15 mm de largeur.
Ces petits artefacts, relativement rares, invitent au rêve, nous transportant à l’époque des seigneurs et chevaliers, dans un temps où grande était la place faite au merveilleux.
Le nom « vervelle » ( féminin ) s’applique ou s’appliquait à plusieurs objets :
Au moyen âge les petits rivets à tête percée permettant de fixer la cagoule de maille sur le bassinet (casque) se nommaient ainsi.
En serrurerie, certains éléments de verrous portent le nom de “vervelle” ou « vertevelle ».
C’est donc à la chasse à l’oiseau de proie que l’on doit, par association, le nom de « vervelle » donné à la petite plaque d’appartenance liée aux pattes des faucons.
Le mot « vervelle » est attesté sur des documents anciens en l’ occurrence : Comptes de l’hôtel des rois de France aux XIVe et XVe siècle (Gallica) :
Voici la définition donnée par François Flamen en 1643 sur son dictionnaire:
A l’époque dite médiévale les nobles affichaient, en signe identitaire, des armoiries (couleurs, dessins, devises) qui évoluaient aux gré des générations et des alliances.
On retrouvait ces armoiries représentées sur leurs boucliers (écus), ce qui permettait, dans la confusion des batailles, à leurs alliés de les reconnaître… et à leurs ennemis de les trucider !
Les armoiries figuraient partout : sur les portes des châteaux, sur les tentures, en signature sur les sceaux apposés aux actes… s’ils avaient pu, ces seigneurs, ils auraient aussi tatoué leurs serfs de leurs armoiries … ils se contentèrent d’en doter leurs animaux nobles sous forme de petits écussons.
En résumé, les vervelles étaient de petits écus armoriés fixés aux pattes des faucons et permettant ainsi leur restitution en cas de perte. Par dérive ce même nom a été donné aux écussons ornant les chiens ou les chevaux. Il faut pourtant faire un distinguo, car il est facile de comprendre que ces « vervelles » étaient proportionnées à la taille de l’animal. Ainsi celle du dessous aux armes de la famille Beaumont du Gâtinais avec ses 5 cm de hauteur était plutôt accrochée à l’harnachement d’un cheval… qu’à un pauvre faucon !
Souvent ces écussons étaient suspendus sur des platines qui permettaient l’articulation au niveau de l’anneau . Voir photos explicatives en dessous. *
Il est possible que ces mêmes objets se retrouvaient sur les équipements des hommes de guerre de l’époque, un peu comme les “pin’s” des années 80/90 , mais cette fois je m’avance peut-être un peu ?
En bas, un écu armorié, aux deux faces identiques, monté sur pivot, ce genre est rare, et son affectation n’est pas encore à ma connaissance bien définie.
Pour la datation de ces artefacts on se réfère à la grande vogue de l’héraldique du XIIIe au XVe siècle avec forcément un peu avant et un peu après !
* Explication par l’image : Une vervelle (noire) et sa platine de suspension (dorée)
Hauteur : 50 mm / Largeur : 36 mm (famille Beaumont du Gâtinais)
Hauteur : 30 mm / Largeur : 20 mm (famille de Scépeaux ?)
Hauteur : 35 mm / Largeur : 22 mm (famille d’Enghien)
(Hauteur : 28 mm / Largeur 24 mm (famille de Bourbon)
Hauteur : 29 mm / Largeur 23 mm (famille Flotte)
Vervelle à bélière déportée, ou plus exactement : Vervelle pivotante Hauteur totale : 52 mm Largeur de la base : 30 mm. Son emplacement est mal défini, peut-être était-elle fixée sur les sangles d’harnachement de tête du cheval (filet). Les armoiries restent à identifier : possibilité famille de Mercoeur ou de Coucy.
Rare écusson armorié d’harnachement quatre voies (Famille de Conflans de Champagne)
Édouard III de Bar (mort à la Bataille d’Azincourt en 1415)
Hauteur : 90 mm / Largeur : 50 mm
Cette forme de pendant armorié est assez rare. Pour la datation : XVe siècle
Les armoiries restent à identifier.
Gros support (suspension) 40 mm X 12 mm, l’artefact qu’il soutenait devait être conséquent. Il est très possible que ce fut une vervelle. A noter le matage du rivet fixe.
En dessous, un tableau du XVIe siècle, au cou du chien, sur son collier, est fixé un écu armoirié. La fonction première est la même qu’au Moyen Âge : afficher la propriété d’un animal par un seigneur. Vient ensuite la fontion décorative.
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Commentaires de l’ancien blog
— Simon 22/01/2020 17:21
Bonjour je suis étudiant chercheur en histoire de l’art médiéval. Je travaille sur les vervelles de fauconnerie. Pouvez-vous me contacter à mon adresse mail s’il vous plaît, j’ai besoin de votre aide : simon.faucher44@gmail.com. Je vous remercie d’avance !
— Lola83 04/03/2019 11:45
Bonjour,
Grave à vous je comprends très bien la fonction de ces beaux objets du passé.
Je me suis attardée sur votre blog, il est passionnant, j’aime beaucoup votre style d’écriture.
Encore merci !
— Isabelle 16/12/2016 10:07
Et si le secret persiste, c’est aussi bien, cela permet de conserver une curiosité non assouvie, les recherches continuent donc.
A bientôt pour d’autres découvertes?
Bien amicalement, cher ami.
— Isabelle 15/12/2016 08:33
Un très bel objet !
Marc, penses-tu que cette représentation d’oiseau est « simplement décorative » ou bien peut-elle être un motif héraldique? (Mes connaissances dans ce domaine sont assez ténues). Et si c’est le cas, quelle seigneurie serait concernée?
Amicalement,
Isabelle
— Alban 13/12/2016 21:41
Bonsoir,
Sympa ces objets, celui avec l’oiseau est vraiment mystérieux.
Merci pour l’article
— Loïc Roussain 11/12/2016 09:35
Merci pour cet article très instructif.
Bonsoir puis je vous envoyer une photo de vervelle que je vient de trouver.j’aimerais bien connaître son seigneur ou chevalier.merci . Sébastien
Bonjour Sébastien,
Si vous voulez
Bonjour,
Merci pour cet article qui replace ces jolis pendants, oubliés des grands musées médiévaux, dans leur histoire. Je possède moi-même deux modèles aux armes du duché de Bar, l’un en applique et l’autre en pendant.
Collectionneur d’objets médiévaux, j’ose vous demander si certains de ces sont à vendre?
Bien cordialement,
Romain
Bonsoir Romain,
Merci d’être venu visiter mon blog et d’avoir pris le temps de laisser un commentaire.
Pour répondre à votre question, j’accorde à ces artefacts une grande valeur historique, vous comprendrez donc bien qu’ils ne sont pas à vendre.
Bien cordialement
Marc Gino
Bonjour,
Je vous remercie pour votre réponse. Je vous comprends. J’aurais plaisir à partager avec vous les pièces que je possède. Est-ce que cela vous intéresserait que je vous les adresse? Mon adresse mail : medievart44@gmail.com
Bien cordialement,
Romain
Bonjour je viens de trouver un petit objet qui ressemble à une vervelle, pouvez-vous me confirmer svp?
Bonjour Sylvain,
Le système d’attache est sans appel, c’est un objet fantaisiste de fabrication moderne.
Bien à vous
Marc Gino
Superbe article, merci.
Merci Jordy pour ton commentaire
Salut Marc,
Belle découverte la dernière vervelle. Je sais que tu as sauté de joie en sachant
son origine. Je connais ta passion pour ton village et ses hameaux disparus.
Là ou on fouillette je pense que pour toi c’est une belle découverte.
J’aimerai en savoir plus sur cet Edouard III de Bar. Bon, j’ai le temps.
Merci l’ami, j’aime ta passion.
Et notre amitié.
Phil de Sat.
Merci l’ami pour le commentaire on se voit bientôt.
Bonjour, merci pour votre article. Puis-je publier la photo de votre vervelle pivotante dans l’article à paraître suivant :
LANGLOIS (Gauthier). – « Deux pendants de cheval aux armes de l’archevêque de Narbonne Bernard de Fargues (1311-1341) trouvés à Paulhiac (Lot-et-Garonne) », Bulletin de la Société d’études scientifiques de l’Aude, tome CXX, 2020.
Par ailleurs, les armes de cette vervelle sont-peut-être celles des Coucy. Il faudrait voir s’il reste un peu d’émail rouge dans les fasces en creux, et si le lieu de découverte est compatible avec cette identification.
Cordialement,
Bonjour, Merci pour votre visite sur mon blog. Oui, vous pouvez la publier dans votre article. Il est rare de retrouver
cet artefact complet. La maison de Coucy a été envisagée pour cet objet, mais je n’ai rien trouvé pour étayer cette piste.
Bonne journée, j’irai lire votre article (si c’est possible).
Cordialement
Marc Gino
Merci, envoyez moi votre mail pour que je puisse vous envoyer l’article dès parution.