Anatole

Grand maigre au visage anguleux, Natol, comme nous le surnommions, faisait office de cantonnier lorsque j’étais enfant. Nous éclations de rire quand il lissait religieusement sa longue moustache rousse et notre ami faisait mine de nous poursuivre avec son grand balai. Il consommait sans modération l’eau de vie obtenue avec les fruits de son verger situé à l’extérieur du village. Il parlait peu, mais après deux à trois verres de goutte, l’émotion le submergeait et nous avions alors droit à ses récits du passé sur fond de guerre 14/18. Mais pas celle des livres d’histoire avec de beaux soldats qui …

Continuer la lecture

Passe moi l’médoc

Dix ans après notre séparation, nous avions décidé de reformer le groupe des quatre copains pour une sortie de pêche commune. En ce matin gris de début mars je me gare sur la place de Coulommiers (77) lieu de rendez-vous. Bébert et Dédé sont déjà là, aussitôt après arrive Aldo, nous embarquons tous les trois dans son gros 4X4 . Vingt minutes plus tard le lourd véhicule s’engage dans un chemin défoncé pour s’immobiliser cinq cent mètres plus loin en bordure d’un champ labouré. Aujourd’hui n’est pas un jour ordinaire, c’est l’ouverture de la pêche dans l’Aubetin petite rivière de …

Continuer la lecture

La Commerçante

De ma maison surplombant la plaine, j’aperçois le petit camion blanc garé sur le chemin proche de la nationale. Dans ce véhicule travaille une black, la trentaine d’années, dont le sourire découvre une canine proéminente et pointue, pouvant rendre par ce fait périlleuses pour les clients certaines de ses prestations. Flanqué de mon chien Titus, mes promenades m’amènent parfois non loin de sa « boutique ». Jamais elle ne m’importuna, un signe de main ou de tête étant nos seuls rapports. Pourtant, un jour, « la fille de joie » ouvrit son carreau et m’interpella. Après quelques banalités, elle m’interrogea sur le but de …

Continuer la lecture

Lucius

253 de notre ère, les Germains franchissent le limes et déferlent sur la Gaule, massacrant et brûlant tout dans leur progression. Quelque part en Brie, entre Iatinum (Meaux) et Metlosédum (Melun), un garçon d’une douzaine d’années récolte des baies. Soudain des cavaliers se détachent de la brume couvrant la plaine, l’enfant les reconnaît, un soldat de passage lui a décrit ces terribles géants blonds : ce sont des Francs ! Prenant conscience du danger, il crie et s’enfuit en direction de la ferme de ses parents. La troupe le rattrape rapidement, arrivé à son niveau, le guerrier de tête le …

Continuer la lecture

Miroir

Très vieux miroir piqué si tu pouvais livrer,Toutes les images par toi anciennement capturées…Ainsi reparaîtraient comme surgis du néant,Toutes celles et ceux que tu vis se mirant :Gros colonel sévère ajustant son monocle,Frêle étudiant pubère récitant du Sophocle ;De la jolie jeune fille, à la vieille dame fanée,Sans oublier l’ancêtre remettant son dentier ! Miroir si tel un livre je pouvais te feuilleter,Découvrant par la même ce que l’on t’a confié :Des rires, des chants, des joies, des moments de bonheur,Aux pleurs, aux cris, aux peines, quand arrive le malheur.Ainsi émerveillé avec des yeux d’enfants,Se joueraient devant moi certaines scènes …

Continuer la lecture

Chocolat

Crotte alors ! C’est la crise, la méchante crise de foie,Lors d’un voyage à Bruges, trop mangé d’chocolat !Bien peu importe l’heure, l’endroit ou l’occasion,En boîte et en tablette, tu es mon addiction. Crotte alors ! C’est la crise, j’ai mal à l’estomac,Les grands économistes ne prévoyaient pas ça.Mais ça va vite passer, c’est Sarko qui l’a dit,Il a raison le gars, il revient l’appétit ! Crotte alors ! Plus de crise, mais plus rien à bouffer !Il me vient une idée quand j’écoute ce cd :Olivia, sois pas dure et surtout me juge pas,J’ai vraiment trop envie de la …

Continuer la lecture

Venise (à Joëlle)

Perle de lagune protégée par les flots,Tu fus cité des doges et patrie des Polo.Eclatante place saint Marc berceau de la cité,Dont tous les monuments rivalisent de beauté. J’aime tes cloches magiques et leurs merveilleux sons,Spectacle inoubliable sous un ciel de pigeons.O majestueux palais bordant le grand canal,Lieux de magnifiques fêtes par temps de carnaval. J’imagine aux fenêtres des personnages d’antan,Des masques mystérieux où se cachent les amants.Sous le pont des soupirs, passage des condamnés,Tant d’amoureux s’embrassent quand chantent les gondoliers. J’ai adoré tes rues, tes belles devantures,Heureux de découvrir un monde sans voitures.Je te quitte à regret, mais le …

Continuer la lecture

Ballon Blanc

Tu es beau petit Pierre du haut de tes dix ans,Quel plaisir de te voir poursuivre ton ballon blanc. Mais trois jours sont passés, tu es toujours absentDans le square du village tu jouais bien gentiment, Soudain, une voiture démarra brutalement…Tes amis te recherchent soutenant tes parents, Des cris ! On t’a trouvé couché près de l’étang,Ange déshabillé auprès d’un ballon blanc ! Commentaires de l’ancien blog — Gene 06/03/2010 18:36 très émouvant ce poème! j’espère que ce n’est pas du vécu! tu nous surprends dans le deuxième moitié qui « fait froid dans le dos »!

Continuer la lecture

Moktar

Arrête copain Moktar, sors un peu d’ton cafard,Même si ton tôlier t’vire pour prendre un Kosovar. Allez viens mon ami, je t’emmène loin d’ici,Nous boirons du bon vin, mangerons du salami. Comment ça tu peux pas de par ta religion !Laisse tomber, je t’en prie ! j’ai du saint Emilion. Avant qu’on aille chez moi j’te paie un coup au bar :Patron ! un thé pour moi, pour Moktar… un ricard ! Commentaires de l’ancien blog — Yubanca du Maroc 02/11/2016 22:08 Bonjour Gino, je ne sais pas si mon frère qui s’appelle Mokhtar aussi boit du ricard avec ses …

Continuer la lecture

L’Anneau

Joli anneau de bronze que la terre m’a livré,Je te serre dans la main et me mets à rêver.Ornais-tu le doigt, d’une dame ou d’un homme ?Conte-moi je t’en prie, l’histoire de cette personne. Vivait-elle sous : Néron, Clovis, François premier ?Avait-elle des enfants ? Quel était son métier ?Fut-elle heureuse ici, mourant paisiblement,Avec le coeur en paix, veillée par ses parents ? Ou bien, l’enfer sur terre a-t- elle eu pour destin ?Pour finir massacrée sous les coups d’assassins ?Où es-tu maintenant, reposes-tu dans les champs ?Les charrues et le temps détruisant tes ossements. O vous, les prétentieux imbus …

Continuer la lecture